Leur premier album pop-folk, The Whole Story, sorti en début d’année, confirme ce dont on se doutait déjà au vu des CV respectifs de ces musicien·nes : les quatre amis d’Astral Bakers sont déjà des virtuoses de leur art.
Au générique, Ambroise Willaume (alias Sage, ex-Revolver), Théodora Delilez, Nicolas Lockhart et Zoé Hochberg, soit des noms qu’on a déjà pu apercevoir aux côtés de pointures de la scène française contemporaine, de Clara Luciani à Pomme, de Fishbach à November Ultra. Pas étonnant, donc, que leurs premières compositions au sein d’Astral Bakers nous semblent déjà aussi accomplies : le quatuor n’en est pas à son coup d’essai, loin de là.
Cette maîtrise se confirme en live, où le quatuor s’épanouit et crée des ambiances aussi paisibles que lumineuses.
Est-ce que vous avez déjà un rituel avant de monter sur scène ?
On en a un qui date d’aujourd’hui : on a pris nos guitares et basses dans les loges et on a un peu joué nos chansons au calme. Ça nous a mis dans un super mood. On vient de se discipliner aujourd’hui. En festival, c’est un tourbillon d’émotions, de concerts, de sons, de gens qu’on connait et qu’on va saluer. Et en même temps, l’heure du concert arrive très vite, faut se mettre dans sa bulle plus que quand on joue dans une salle.
Quand vous dites que vous croisez du monde, c’est parce que vous venez tous d’horizons différents, avec des carrières riches, des groupes Revolver ou Sage en passant par des scènes avec Pomme ou d’autres. A quel moment vous vous êtes dit : « on va jouer ensemble » ?
On a tous créé des liens de musiques les uns avec les autres. On prenait un plaisir à ne plus être seuls dans nos chambres. L’envie a germé lors de la dernière tournée de Sage. C’est un jeune groupe mais on a tous déjà roulé notre bosse. Ce qui est agréable, c’est qu’on a tous connu d’autres groupes plus jeunes. On connait les dangers. Maintenant on gère mieux l’espace de chacun, la vie de groupe, la bienveillance. C’est pour ça que beaucoup de jeunes groupes ne survivent pas : c’est dur de gérer tout ça et de rester amis, de garder les mêmes goûts, les influences. Quand on se forme plus tard, on choisit mieux les bonnes personnes car on sait ce qu’on est déjà, nos points communs. On a été attiré les uns vers les autres pour ces points en commun. C’est rarement le cas quand tu as 14 ans, quand tu choisis ce mec-là simplement parce qu’il sait jouer de la guitare.
Quelles sont vos influences communes alors ?
On a un peu grandi avec les mêmes groupes. Ceux des années 60-70. On aime Big Thief, Jeff Buckley, Elliot Smith, Neil Young, du unplugged indie américain et anglais. On se retrouve aussi sur un mélange de chansons, compositions et harmonies qui surprennent et qui expérimentent. Après chacun va avoir sa spécificité, mais voilà la nébuleuse commune. On en a sorti cette idée du soft grunge, c’est-à-dire quelque chose de mélodique, un peu en retenue et en même temps avec une énergie assez brute. On a pu bosser avec Sam Evian, qui a mixé notre premier disque. Et lui, il incarne un truc qu’on aime beaucoup dans la musique. On enregistre live par exemple : on joue tous dans la même pièce. On avait attaqué ce travail ensemble de notre côté et lui a ensuite accepté de le mixer. Puis on a enregistré la suite chez lui.
Et vous avez des artistes que vous ne partagez pas ?
Pas vraiment. Parfois on aime des trucs individuellement mais sans forcément partager cette passion. Par contre, c’est important de se faire découvrir des trucs entre nous. Ça permet de mieux comprendre certaines intentions ou une façon de jouer.
Comment savez-vous que vous avez une bonne chanson ?
C’est dur de savoir. Mais si on se pose la question, c’est que l’évidence n’est pas encore là. Maintenant, en tant que groupe, on a cette réponse à plusieurs. On devient responsable vis-à-vis des autres de ce qu’on va décider. Donc on sera plusieurs à être fidèle à une idée. Et puis, dans la façon d’enregistrer notre musique en live, on est ensemble, presque sans rajout : on sait aussi que la chanson est finie quand on arrive à la traverser à quatre et à se dire que c’est super. On a deux exemples particuliers dans l’album. D’abord Shelter, morceau qui s’est écrit et enregistré en une semaine. A l’opposé, Beautiful Everything, qui a fait partie des morceaux fait le plus tôt, a finalement été réenregistré à la fin. La façon dont on l’avait travaillé au début ne correspondait plus vraiment, il avait une vibe différente. Il faisait ovni. On a gardé la version réenregistrée qui collait mieux. Comme quoi, tout est une question de feeling.
Propos recueillis par Alexandre Mathis
Crédit photos : Louis Comar