Qui aurait cru qu’un village comme Little Chalfont, 6000 habitants au compteur, recelait un génie musical comme Jack Garratt, multi-instrumentalisme de 24 ans ? Un album, Phase, 18 tracks et déjà trois awards, la carrière de Garratt s’annonce longue. S’il sillonne les routes depuis deux ans, il a gardé son âme de gosse, conscient de sa chance. Et avant de retrouver ses instruments et sa console, sous la canicule de Rock en Seine et après son concert d’hier, il a accepté de nous parler des dernières années qui ont changé sa vie.
C’est ta première fois à Rock en Seine, comment tu te sens ?
Jack Garrett : C’est toujours un gros kiff de venir à Paris. J’adore les festivals ! Je viens de passer deux ans en tournée et je finis en décembre, je peux même pas te dire combien de festivals j’ai fait !
Ça ne te bloque pas dans ton processus de création ?
Tu plaisantes, je ne fais que ça créer et produire… dans le tourbus, qui est devenu ma maison. Mais même si je le voulais, je ne pourrais pas ne pas faire de musique. J’ai déménagé à Chicago, il y a un an, mais je n’y suis resté qu’un mois, en tout et pour tout. Après la tournée, je vais avoir quelques mois plus calme et je prévois de rester à la maison et de réfléchir à ce que j’ai envie de faire ensuite et ce que ma musique signifie pour moi et les autres.
Ça fait deux ans que tu es en tournée, t’en as pas marre de jouer les mêmes titres tous les soirs ?
Non parce que chaque show est différent, chaque public est différent, chaque festival est différent, donc les chansons et la manière de les jouer doivent être différents. Sinon, c’est chiant pour tout le monde : le public et moi. En ce qui me concerne, je m’amuse encore. Tu apprends super vite, dans la vie, si ton boulot te convient et te rend heureux. J’ai commencé des études pour être enseignant mais j’ai directement lâché l’affaire parce que je savais que ça ne me convenait pas. Je pourrais me lever tous les matins et chanter la même chanson en boucle et ça me dérangerait pas parce que je DOIS faire de la musique.
Le succès est venu rapidement.
En un an environ, j’ai eu beaucoup de chance. Quand j’ai réalisé que je n’étais pas heureux, je me suis « réorienté » aussi vite que possible. Je ne pense pas avoir perdu du temps parce que j’ai bossé super dur tout en étant sûr de faire le bon choix pour moi, et ça s’entend dans ma musique. Je pense que mettre du temps à y arriver n’est pas le problème. Ce qui est douloureux, c’est devoir faire autre chose que de la musique alors que c’est ce que tu veux vraiment faire, te retrouver coincé. Et tu te concentres sur le fait de n’être pas heureux. Il y a cet artiste que j’admire il s’appelle Nathaniel Ratliff, il a passé des années à faire de la musique sans succès. Et, soudainement, récemment, il a explosé ! Et ça tient au fait qu’il n’ait jamais baissé les bras.
Comment c’était sur la scène de Rock en Seine ?
Du fun ! Si je ne donne pas tout ce que j’ai sur chaque scène, je m’en veux. Mais je dois beaucoup dormir pour ça !
Propos recueillis par Sarah Koskievic le 26 août 2016.
Photo © PRESS HIGH DAH