Ils déclinent toutes les demandes d’interviews et mènent leur carrière selon leurs propres règles, en toute indépendance.
Leurs rares prestations scéniques déclenchent une frénésie folle. Leurs sorties d’albums créent l’événement et battent tous les records. Leurs clips soignés, tournés au quatre coins du monde (Japon, Islande, Italie, Etats-Unis…), cumulent des millions de vues sur YouTube. Alors, comment expliquer le phénomène PNL ? Ces deux frères de la cité des Tarterêts, de Corbeil-Essonnes, remodèlent les codes du rap français à leur façon. Sur un tempo au ralenti, leur rap planant (on appelle ça du “cloud rap”) chronique le vide existentiel en s’accompagnant de beats cotonneux et de voix sous Auto-tune. C’est peut-être en concert que l’on percera les secrets de cette énigme sans équivalent dans le rap hexagonal.
Et pourtant, pourtant… PNL, ce n’est pas du rap. Ou plutôt, ce n’est pas que du rap. C’est en fait beaucoup plus que cela, et, croyez-le ou non, la discographie du duo les rapprochent même de la pop, et du rock. Et nous avons des arguments. Plein.
Si le rock c’est casser les cadres, faire bouger les lignes, et bien PNL, dès 2011, affirme une identité en net décalage avec la majorité du rap français de son époque, associant instru vaporeuse et spleen de quartier, sous forte influence américaine. Ils sont Pop car ils gèrent leurs images comme des pop stars: rois des coups de com’, PNL c’est aussi une imagerie forte, basée sur des clips ultra-léchés emmenant les deux stars et leur mélancolie aux quatre coins du monde. PNL est un duo pop car ils systématisent un chant autotuné, hypnotique et entêtant. Ils ont accentué cette tendance rap / chant en France. Et puis, ne nous mentons pas, PNL remplit ses Bercy en mode facile : le rap est la musique pop en France. Pop comme populaire. Et Pop parce que Pop Culture : DBZ, Aladdin, Le Roi Lion…
Mais allons plus loin. Et disons le : PNL c’est du blues. C’est le blues des dealers condamnés à leur situation. Ils sont un peu plus fragiles, ils admettent leurs plaies, leurs peines. Ils sont plus sensibles que la moyenne. C’est un peu un parallèle au blues du fric de Drake. PNL c’est le rap d’un dealer en burn out. Et la mélancolie, c’est toujours un peu lyrique, et le lyrisme, c’est souvent très pop.
Laurent-David Samama est journaliste culture pour le JDD. Pour lui, “par bien des aspects PNL appartient plus au domaine de la Pop qu’à celui du Rap. Car, finalement, leurs paroles passent au second plan. Ce qui compte avec le duo de Corbeil-Essonnes c’est la prod’ – en l’occurrence bien léchée – et l’image – des clips ressemblant à des courts-métrages ou encore des pubs pour des destinations lointaines. Grosso modo tout sauf l’esthétique habituelle des clips à l’esthétique ghetto du rap français. Ce souci constant de la forme soignée, c’est bien un des éléments de base de la musique populaire. PNL est ainsi un hybride, des paroles crues, une réalité sombre plaquée sur des beats aérien et mélodieux. Et puis, dernier point, il y a cette façon bien à PNL de casser le code du rappeur déclamant. Ici, comme en Pop, on chantonne, on se permet quelques effets, il y a l’utilisation, voire l’abus, d’auto-tune. Le coup de génie du duo, c’est donc de ne pas singer les autres rappeurs mais bien de s’émanciper des codes du rap français. Leur horizon est vaste. C’est, comme ils le clament « le monde ou rien ». En s’inspirant des poids-lourds de l’entertainment, Jay-Z, Beyoncé, Daft Punk ou Bowie, PNL s’est ouvert grand les portes des festivals internationaux. Et puisqu’ils ouvrent grand les frontières du rap français, il n’est pas étonnant du tout de les voir cette année à Rock en Seine”.
On résume : Pop parce qu’ils cassent les cadres. Pop parce qu’ils font bouger les lignes. Pop de par leurs instrumentations vaporeuses, mélancoliques, presque romantiques. Pop car ils gèrent leur image comme des pop stars. Pop parce que populaire. Pop parce que déjà profondément ancré dans la pop culture mondiale.
PNL, plus pop qu’il n’y paraît ? Oui, de toute évidence.
Nico Prat
PNL, et bien d’autres, seront présents à Rock en Seine, les 24, 25 et 26 août aux portes de Paris !